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A l’université Paris-Saclay, une double licence maths-physique qui concurrence la prépa

« A quoi ça sert, les intégrales à paramètre dans la vie de tous les jours ? », lance à la cantonade Cyril Letrouit, perché sur son estrade, dans une salle du laboratoire de mathématiques du campus d’Orsay (Essonne). Devant le silence de son auditoire, le chargé de recherche au CNRS enchaîne avec un rapide exposé. « Imaginez que vous passiez une échographie du ventre. A partir de la densité de tissus mesurée des deux côtés de l’abdomen, le médecin va être capable d’en déduire ce qu’il y a au milieu. C’est magique, non ? Et ça, c’est un théorème mathématique, la transformée de Radon, qui lui permet de le faire, pas la médecine. »
Sourire complice des trente étudiants installés face à lui. Tous sont inscrits en troisième année de licence double diplôme mathématiques, physique et sciences pour l’ingénieur à l’université Paris-Saclay. Un cursus d’excellence en trois ans conçu en 2005 pour préparer les concours d’ingénieur, avant d’être transformé, en 2017, en double licence de trois ans.
« Pendant très longtemps, le niveau en maths à l’université était tellement modeste que les étudiants qui voulaient pousser leurs connaissances dans cette discipline étaient obligés d’intégrer une classe prépa, explique l’enseignant-chercheur Nicolas Burq, responsable du cursus. Notre ambition était de leur offrir une alternative. »
A la rentrée 2023-2024, 3 701 candidats avaient postulé à cette double licence pour cinquante places, contre 2 039 en 2020 et 996 en 2017. Le classement de Shanghaï, qui a sacré Saclay première université mondiale en mathématiques et troisième en physique en août 2023, n’est évidemment pas pour rien dans cet engouement. Nicolas Burq voit, lui, une autre explication. « Avec le développement de l’intelligence artificielle, de la data science et de la cryptomonnaie, les maths offrent aujourd’hui de très nombreux débouchés », analyse-t-il.
Outre des cours de mathématiques et de physique renforcés, la formation comprend de l’informatique, des méthodes numériques, des langues, des projets et, en troisième année, des stages en laboratoire. A l’issue des trois ans, elle délivre deux sésames : une licence et un diplôme de l’université Paris-Saclay pour 240 ECTS (huit semestres reconnus au niveau européen). Un atout non négligeable pour Jean-Nicolas Quenot, 20 ans. Sorti tout droit du lycée Carnot de Dijon, fort de sa mention « très bien » au bac maths-physique, il était admis dans plusieurs prépas, mais a finalement choisi Saclay. « En faisant ce double diplôme, je garde la possibilité d’être facilement accepté dans un bon master tout en ayant un accès plus simple aux écoles d’ingénieurs, notamment CentraleSupélec que je pourrai intégrer sur dossier. »
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